mercredi 27 mars 2024

PBF 2024.09 : Ma cousine, une élève plein de docilité

Mercredi 27 mars 2024 à 19H, la Petite Boutique Fantasque accueille une nouvelle fois une nouvelle d'Armand Silvestre intitulée La cloche tirée des Histoires abracadabrantes (1893)

Cette émission de RadioRadioToulouse est diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps et du monde sur les podcasts de mixcloud.

Programmation musicale :
1) Suzy (Imago)
2) Pour que l'amour me quitte (Camille)
3) Concerto pour piano en sol - Adagio assai (Maurice Ravel) Nicole Henriot-Schweitzer / Charles Munch / Boston symphony orchestra
4) Titanic (Arthur H)
5) An unwelcome friend (Philip Glass) 
6) Piccadilly (Erik Satie) Alexandre Tharaud
7) Gambade (Erik Satie) Alexandre Tharaud
8) Un grain de poussière (Jacques Higelin)

+ lecture de La cloche (Armand Silvestre) par des descendantes de l'auteur

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF : https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/ma-cousine-une-élève-pleine-de-docilité-la-petite-boutique-fantasque/

Sus aux Philistins !
 

dimanche 24 mars 2024

«Mais qu'était donc une rente constituée ? Il existait un certain nombre de types de rentes, ce mot qui, en français, comporte pas mal d'acceptions, désigne habituellement un revenu annuel, souvent en argent, versé par une ou plusieurs personnes, généralement à date fixe. La constitution de rentes entre particuliers prend la forme juridique et le plus souvent notariée d'un contrat d'achat. Ainsi, un quidam que nous appellerons A achète à un autre quidam dénommé B, une rente annuelle de cent livres (par exemple), en échange de la somme de deux cent mille livres, que A remet à B. On a compris tout de suite qu'il s'agit d'un prêt de deux mille livres à  5% d'intérêt. Ledit prêt à intérêt est maquillé en acte de vente parce que L'Eglise a toujours interdit le prêt à intérêt (qu'elle a toujours pratiqué sous une forme plus ou moins détournée, dès l'époque de la Croisade, notamment pour aider les croisés à s'armer). Dans le cas simple qu'on vient de citer, A est appelé le crédirentier, et est en réalité le créancier, B est appelé le débirentier et est en réalité le débiteur, l'emprunteur.»

Le siècle de Louis XIVPierre Goubert. Éditions de Fallois (1996)

dimanche 17 mars 2024

Reflets de bibliothèque Croix-de-Pierre. Avenue de Muret (Toulouse) 16 mars 2024 9H

photographie : Aimable Lubin
«Je mesurais des yeux Albertine étendue à mes pieds. Par instants, elle était parcourue d’une agitation légère et inexplicable, comme les feuillages qu’une brise inattendue convulse pendant quelques instants. Elle touchait à sa chevelure, puis, ne l’ayant pas fait comme elle le voulait, elle y portait la main encore par des mouvements si suivis, si volontaires, que j’étais convaincu qu’elle allait s’éveiller. Nullement ; elle redevenait calme dans le sommeil qu’elle n’avait pas quitté. Elle restait désormais immobile. Elle avait posé sa main sur sa poitrine en un abandon du bras si naïvement puéril que j’étais obligé, en la regardant, d’étouffer le sourire que par leur sérieux, leur innocence et leur grâce nous donnent les petits enfants. Moi qui connaissais plusieurs Albertine en une seule, il me semblait en voir bien d’autres encore reposer auprès de moi. Ses sourcils, arqués comme je ne les avais jamais vus, entouraient les globes de ses paupières comme un doux nid d’alcyon. Des races, des atavismes, des vices reposaient sur son visage. Chaque fois qu’elle déplaçait sa tête, elle créait une femme nouvelle, souvent insoupçonnée de moi. Il me semblait posséder non pas une, mais d’innombrables jeunes filles. Sa respiration, peu à peu plus profonde, soulevait maintenant régulièrement sa poitrine et, par-dessus elle, ses mains croisées, ses perles, déplacées d’une manière différente par le même mouvement, comme ces barques, ces chaînes d’amarre que fait osciller le mouvement du flot. Alors, sentant que son sommeil était dans son plein, que je ne me heurterais pas à des écueils de conscience recouverts maintenant par la pleine mer du sommeil profond, délibérément, je sautais sans bruit sur le lit, je me couchais au long d’elle, je prenais sa taille d’un de mes bras, je posais mes lèvres sur sa joue et sur son cœur ; puis, sur toutes les parties de son corps, posais ma seule main restée libre et qui était soulevée aussi, comme les perles, par la respiration d’Albertine ; moi-même, j’étais déplacé légèrement par son mouvement régulier : je m’étais embarqué sur le sommeil d’Albertine. Parfois, il me faisait goûter un plaisir moins pur. Je n’avais pour cela besoin de nul mouvement, je faisais pendre ma jambe contre la sienne, comme une rame qu’on laisse traîner et à laquelle on imprime de temps à autre une oscillation légère, pareille au battement intermittent de l’aile qu’ont les oiseaux qui dorment en l’air. Je choisissais pour la regarder cette face de son visage qu’on ne voyait jamais, et qui était si belle.»

La prisonnière. Marcel Proust. 
GF Flammarion (1987)

Théâtre à Toulouse (2) au CIAM

Avec Orphée et Jean-Christophe en acteurs...
«Mais, si je tais ici certaines choses, je ne tairai pas ma morale qui me dit ceci : vis caché, afin de pouvoir vivre pour toi. Vis ignorant de ce qui paraît le plus important de ton époque. Mets l'épaisseur d'au moins trois siècles entre elle et toi. Que les clameurs du jour, le vacarme des guerres et ke fracas des révolutions ne te parviennent pas plus que comme un murmure.»

Le gai savoirNietzsche. Gallimard Idées (1950)